Le Coran

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  P.BAYLE
  Pensées diverses

Le Coran revisité

Le juriste suisse Sami Aldeeb publie une nouvelle traduction française
du livre saint des musulmans.
http://www.editions-aire.ch/details.php?id=1382

Patricia Briel
Vendredi 25 avril 2008
http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=230582

Une nouvelle édition du Coran paraît ces jours en français et en arabe
aux éditions de L'Aire à Vevey. Elle est l'œuvre de Sami Awad Aldeeb
Abu-Sahlieh, un Arabe chrétien naturalisé suisse, juriste spécialisé
dans le droit musulman (lire ci-dessous). Elle fera certainement date.
Car son approche et son appareil critique offrent la possibilité de
remettre en question plusieurs tabous qui figent la lecture et
l'interprétation du Coran, mais aussi d'ouvrir de nouvelles
perspectives exégétiques. Nul doute qu'elle créera aussi le débat,
bien que l'intention de son auteur ne soit aucunement polémique.

Cependant, la «grande rigueur scientifique» de ce Coran est d'emblée
saluée dans un avant-propos signé par Rachid Benzine, chercheur
musulman associé à l'Observatoire du religieux d'Aix-en-Provence et
auteur de plusieurs ouvrages, et Christian Delorme, prêtre catholique
du diocèse de Lyon respecté des musulmans et très engagé depuis une
trentaine d'années dans le dialogue islamo-chrétien. «Sami Aldeeb a
accompagné sa traduction de très nombreuses notes qui prennent en
compte les plus récentes recherches historiques et linguistiques,
écrivent-ils. Il s'agit donc d'un travail de type critique, mais cette
approche n'en est pas moins fort respectueuse de tout ce que
représente ce texte pour les musulmans.»

«Faciliter la lecture»

Le Coran de Sami Aldeeb se distingue à plusieurs égards. Mais sa
singularité tient essentiellement au fait qu'il présente les chapitres
du Coran dans l'ordre chronologique de la révélation faite à Mahomet.
Comme l'écrit le juriste dans sa présentation, «l'ordre actuel du
Coran pose un problème de compréhension. On peut dire que nous lisons
aujourd'hui le Coran presque à l'envers puisque les premiers
chapitres, les plus longs, sont d'une façon générale formés de
révélations parvenues à Mahomet vers la fin de sa vie. L'ordre
chronologique du Coran est important pour les historiens qui veulent
comprendre les étapes de la révélation. Mais il l'est aussi pour les
juristes. En effet, le Coran comporte des normes juridiques qui ont
évolué, certaines en ayant abrogé d'autres. Afin de déterminer les
passages abrogés et ceux qui les abrogent, il faut savoir lesquels ont
précédé les autres.»

Sami Aldeeb n'est pas le premier à proposer le Coran dans une version
chronologique. L'orientaliste Régis Blachère avait publié en 1949-1950
une édition de ce type, mais selon ses propres critères. Pour couper
court à d'éventuelles polémiques, le juriste suisse a préféré suivre
une classification chronologique des sourates établie officiellement
par l'Université d'al-Azhar au Caire, reconnue comme la plus
prestigieuse du monde musulman sunnite. Le Coran d'Aldeeb est donc
l'unique à ce jour comportant la version arabe et française par ordre
chronologique.

«En traduisant le Coran dans l'ordre de la révélation, j'ai voulu
faciliter sa lecture, explique l'expert. Cela permet de voir
l'évolution de la pensée politique de Mahomet, et de la langue du
Coran. Les chapitres de la période mecquoise de Mahomet, au nombre de
86, sont plus courts et plus poétiques que ceux de la période
médinoise. Ces derniers, au nombre de 28, ont un caractère législatif
et normatif. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles ils ont
été placés au début du Coran. L'Etat musulman qui prenait forme avait
davantage besoin de normes que de poésie.»

L'édition de Sami Aldeeb est aussi la première à indiquer les versets
abrogés et les abrogeants. Le droit musulman prévoit en effet
l'abrogation de certains versets et prescriptions du Coran sur la base
d'indications postérieures. Ainsi, l'usage général veut que les
versets révélés tardivement abrogent ceux qui les précèdent. Les
islamistes fanatiques se sentent ainsi légitimés à puiser la
revendication de leurs crimes dans certains versets de la période
médinoise, qui sont parmi les plus violents du Coran. Par exemple, le
verset du sabre, qui préconise le meurtre des ennemis, abrogerait
selon certains savants entre 124 et 140 versets tolérants, dont le
célèbre «pas de contrainte en religion». Mais, souligne Aldeeb,
«l'abrogation continue à soulever aujourd'hui de nombreuses
controverses, et il n'y a pas d'accord à ce sujet entre les auteurs
musulmans». C'est pourquoi le juriste se limite à indiquer les versets
qui sont abrogés et ceux qui les abrogent selon ces sources
contradictoires, sans porter de jugement. Il précise cependant que,
selon certains penseurs, le véritable islam serait contenu dans les
sourates révélées avant l'hégire (le départ de Mahomet pour Médine),
et donc celles de la période mecquoise de Mahomet.

Autre caractéristique de la version d'Aldeeb: la présentation des
variantes du Coran. Elle a le mérite de montrer que le livre saint des
musulmans n'est pas un texte monolithique. Les premiers manuscrits du
Coran ne contenaient ni voyelles, ni signes permettant de distinguer
chaque mot et chaque lettre. Dès les débuts de l'islam, plusieurs
lectures sont apparues. Elles ont progressivement été admises comme
faisant partie de la révélation, et des savants islamiques les ont
recensées. Par exemple, les éditions égyptienne, tunisienne et
marocaine du Coran diffèrent entre elles. Plus de 10000 mots du Coran
ont actuellement une ou plusieurs variantes. Celles indiquées par Sami
Aldeeb touchent plus de la moitié des versets du Coran. Bien entendu,
le sens de certains mots ou de certains versets change radicalement
d'une version à l'autre. «Aucune édition du Coran en arabe ne
mentionne ces variantes, affirme Sami Aldeeb. Même des universitaires
ne savent pas qu'elles existent. Elles suscitent le malaise des
autorités religieuses. Car même s'il est admis qu'elles font partie de
la révélation, elles mettent en cause le dogme selon lequel le Coran
est la parole inaltérée de Dieu.»

Faire évoluer l'islam

Enfin, le renvoi aux références juives et chrétiennes du texte
questionne un autre tabou qui freine la recherche exégétique, celui de
l'inimitabilité du Coran, preuve de son origine divine. Aux yeux des
musulmans, les juifs et les chrétiens ont falsifié leurs propres
Ecritures, et seul le Coran est l'authentique parole de Dieu. «Dire
que le Coran a repris des écrits qui l'ont précédé signifie que
Mahomet ne les a pas reçus de Dieu», écrit Sami Aldeeb dans son
introduction.

Mais le spécialiste se défend cependant d'avoir voulu contredire le
dogme de l'inimitabilité: «A l'instar d'autres traducteurs, j'ai voulu
fournir au lecteur intéressé quelques éléments de comparaison.
Certains passages du Coran ne s'éclairent qu'à la lecture de la
littérature hébraïque et chrétienne, souligne le chercheur. Par
exemple, certains mots ont été translittérés directement de l'hébreu à
l'arabe. Si on en reste à l'arabe, on ne comprend pas le sens de
certains passages.»

La démarche de Sami Aldeeb permet d'aborder le Coran comme un ouvrage
contingent, rédigé et constitué par un ou plusieurs scribes. Ces
affirmations sont en opposition avec la doctrine musulmane. Mais
aujourd'hui, plusieurs intellectuels musulmans, comme le Tunisien
Abdelwahab Meddeb, appellent leurs coreligionnaires à considérer le
Coran comme l'œuvre d'un prophète inspiré par Dieu, et à replacer les
textes fondateurs dans le contexte historique de leur apparition. Ils
suggèrent aussi d'abandonner les dogmes du Coran éternel, incréé et
inimitable. Ce n'est qu'à cette condition, disent-ils, que l'islam
pourra évoluer. La version d'Aldeeb pourrait ainsi représenter une
étape importante dans une telle évolution.

Sami Aldeeb

Chrétien arabe d'origine palestinienne, naturalisé Suisse, Sami Aldeeb
a fait ses études universitaires en Suisse. Depuis 1980,

il est responsable du droit arabe et musulman à l'Institut suisse de
droit comparé à Lausanne.

Il enseigne également cette matière aux Facultés de droit
d'Aix-en-Provence et de Palerme. Il est aussi l'auteur d'une vingtaine
de livres et de près de 200 articles.

Sami Aldeeb lit le Coran depuis l'âge de 16 ans. Il précise qu'il
publie sa version du livre saint des musulmans à titre privé. La
réalisation de cet ouvrage lui a pris cinq ans.

«Voile»: nouvelle traduction

Le Coran de Sami Aldeeb propose une nouvelle traduction d'un célèbre
verset qui intime aux femmes l'ordre de porter un voile: «Dis aux
croyantes de baisser leurs regards, de garder leur sexe, de ne faire
apparaître de leur ornement que ce qui est apparent et de rabattre
leurs voiles sur leurs fentes.» «Fente» est ici un synonyme de «sexe»
selon le chercheur. Le terme arabe «juyub» est utilisé dans une
variante d'un verset du Coran «dans le sens de la fente du corps de la
femme», précise la note qui accompagne la traduction. D'autres
traductions du Coran proposent poitrine, échancrures, gorges, seins.

«A l'époque du Prophète, les femmes portaient des vêtements flottants
qui n'étaient pas fermés devant, explique Sami Aldeeb. En marchant, il
arrivait qu'elles découvrent leur sexe. C'est pourquoi il m'a semblé
plus vraisemblable que Mahomet ait demandé aux femmes de couvrir leur
sexe plutôt que leur poitrine.»


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