Nous l'avons dit et répété depuis des années :
- lorsqu'un état ne respecte plus le droit, il risque de
cesser d'être
- lorsqu'un état pratique des discriminations par rapport
à ce droit, il provoque les émeutes et les violences.
Tout a commencé par l'application de discrimination pour
motif religieux.
De telles discriminations sont inacceptables dans une
République laïque.
Déjà le refus du port du foulard dans la sphère publique
n'aurait pas dû se fonder sur les "insignes religieux".
Il devra en être de même pour ce qui concerne port de la
burca : le permettre ou l'interdire en invoquant un motif religieux sera
encore une erreur.
On constate qu'il a été permis d'occuper des rues
entières sous prétexte qu'il n'y a pas de mosquée pour faire la prière.
Cette première discrimination pour motif religieux est
une erreur. Cela aurait été interdit à n'importe quel autre groupe,
ethnique, religieux, laïque ou athée, par exemple.
Et jamais ces prières publiques autorisées implicitement
n'ont été traitées d'anticatholiques ou d'anti quoi que ce soit.
Pour quel motif peut-on interdire aujourd'hui cet apéro
saucisson-pinard ? Sous prétexte que ce n'est PAS une manifestation
religieuse ?
Et pourquoi la traiter "d'antimusulmane" ?
Les religieux juifs mangent-ils du saucisson ou
boivent-ils du vin qui ne serait pas casher ? On aurait donc tout aussi
bien pu qualifier cette manifestation d'antisémite !
Et de plus, autre faute grave, on parle de "quartier
multiethnique" pour justifier l'indignation et l'interdiction.
Ce quartier est-il rempli de sikhs, de parsis, de
bouddhistes ou de shivaïtes ?
A plus forte raison, pour le même motif , on aurait alors
dû interdire les prières musulmanes.
Ceux qui nous abreuvent de commentaires, d'articles
philosophiques et de discours oiseux devraient cesser de prolonger le
discours hitlérien, et de confondre race (ou plus pudiquement : ethnie)
et religion.
Les catholiques aussi bien que les musulmans comptent
chacun plusieurs "ethnies" dans leurs rangs...
Mais nous ne sommes pas idiots : c'est bien la crainte
d'émeutes et de violences qui a dicté la décision préfectorale, c'est à
dire le même motif qui a permis ces occupations illégales par un groupe
se revendiquant d'une religion, et dans ce cas précis, pas vraiment la
plus respectueuse de ces droits de l'homme dont nous avons coutume de
nous revendiquer haut et fort.
Belle leçon pour les jeunes : soyez nombreux et violents,
et vous aurez raison : les lois et les règles ne
sont faites que pour les faibles.
Poursuivre dans cette voie de discriminations, c'est
reconnaître l'existence de ghettos comme zones de non droit, provoquer
des violences racistes et promouvoir l'arrivée au pouvoir de l'extrême
droite.
Johannès Robyn
Président de l'Union des Athées