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  L'Athéisme ne
  conduit pas
  nécessairement à
  la corruption des
  mœurs.

  P.BAYLE
  Pensées diverses

 



SYLLOGISMES ET PARADOXES.


1) Devant un gentleman anglais horrifié, un petit fuégien au XIXe siècle justifiait que l'on mange, dans son pays, les vieilles femmes et non les chiens :
- les chiens attrapent les loutres,
- la femme ne sert à rien,
- les hommes ont très faim.

Le gentleman se nommait Charles Darwin et avait, semble-t-il, été abusé par son informateur.

2) Au XVIIe siècle, les autorités japonaises persécutèrent leurs sujets convertis au christianisme. Elles donnèrent à ceux qu'elles arrêtèrent, le choix entre la mort et une formule d'abjuration particulièrement paradoxale : ils devaient renier leur foi au nom même de leurs idoles dans la formule :

« Par le Père, le Fils et le Saint Esprit, la vierge Marie et tous les anges... si je manque à mon serment, que je perde à jamais la grâce de Dieu et sois réduit à l'état misérable de Judas Iscariote ».

Les Japonais pensaient, sans doute avec raison, qu'un serment ne peut avoir de valeur que s'il est fait au nom de puissances que l'on redoute (donc auxquelles on croit), mais d'un autre côté, ils obligeaient leurs prisonniers à reconnaître la puissance de ce qu'ils étaient en train de renier. Autrement dit, ils faisaient formuler un énoncé à l'intérieur d'un cadre de référence clairement défini (le christianisme) alors même que cet énoncé affirmait une dénégation de ce cadre ; or, aucun énoncé formulé à l'intérieur d'un cadre ne peut permettre de sortir de ce cadre. (D'après Edmond Marc et Dominique Picard « L'école de Palo Alto » Retz 2.000.

3) En 2005, en France, un artisan charcutier cherche de la main d'oeuvre. L'ANPE lui a envoyé une trentaine de candidat(e)s. Plusieurs ont refusé de toucher au porc. Le charcutier demande alors à l'ANPE de préciser que le travail nécessite un contact avec cette viande-là. L'agent ANPE se demande si cet ajout ne signifie pas que l'artisan ne voulait ni Noir (??) ni Arabe (?). La culture de ce « conseiller » laisse à désirer, ainsi que celle de l'inspecteur du travail et du parquet, sans parler de SOS Racisme qui appuie un travailleur récalcitrant dans sa plainte. Tous les Noirs, tous les Arabes ne sont pas musulmans ou israélites. Arrêtons de confondre ethnies et religions, c'est absurde et le sort de l'ex Yougoslavie nous pend au nez.

Le patron charcutier a comparu devant le tribunal de Compiègne pour discrimination à l'embauche. Deux mois de prison avec sursis et 800 euros d'amende ont été requis. (Le Figaro 07/12/2005, p.12). Il a bien été condamné le 17 janvier 2006 à deux mois avec sursis et même à 4.000 euros de dommages et intérêts (Metro, 18/01/2006). Charcutier interdit de porc, c'est lui le cochon de payant.

Dans cette logique affolante, les charcutiers doivent renoncer à préparer et à vendre du porc, mais n'est-ce pas « opposer un énoncé dans un cadre à ce cadre lui-même » ? Ainsi, quelqu'un que la viande de porc révulse se verra reconnu le droit d'être embauché dans une entreprise dont le porc aura cessé d'être la raison d'être. Je proposais ironiquement au Congrès 2005 de « voiler » les charcuteries, mais la justice de mon pays a fait plus fort avec la charcuterie sans cochon. De même des autorités administratives ont élaboré le concept de "soupes racistes » (Strasbourg, 14/01/2006) au motif que ceux qui voudraient bien manger du porc dérangent ceux qui se l'interdisent. Ne nous moquons pas des Japonais, les Français « cartésiens » peuvent être aussi cons.

Claude Champon et Tribune des Athées, 10/02/2006.

 



On le sait au moins depuis Parménide "L'être est, le non-être n'est pas ..." (1) et la question "pourquoi n'y a-t-il pas rien" (2) est aussi idiote que de se demander "pourquoi le jaune n'est il pas noir" ? Pour l'athéiste, tout ce qui EST est du monde, et il n'y en a donc pas "d'autre" .
Il y a un monde et il n'y a que celui-là, ou si on veut, dit autrement : "Il n'y a de monde que le monde", ce qui nous rapproche paradoxalement des musulmans et de leurs prières (3).
Ceci ne signifie évidemment pas qu'il affirme que tout ce qui est (l'univers entier) lui est connu. Ce qu'il n'a pas encore perçu fait aussi partie du monde, mais ne se trouve en aucun cas dans un "au-delà" inexistant.
S'entendre dire "l'un est" (4) ne lui paraît pas plus étrange que "les choses sont" (aux pommes ?) ou "les choses sont un" (c'est à dire sont "l'être"), parce que ces formules pseudo-transcendantes ne font jamais que le ramener à Parménide, ce qui n'est pas très original ni très neuf, et ne cache pas grand chose si ce n'est une évidence et même une "lapalissade".

L'athée est donc bien avant tout un "athéiste" au sens de Kojève par exemple (le "théiste" étant celui qui admet l'existence d'un "au-delà"), comme la plupart des agnostiques (je ne pense pas connaître d'agnostique théiste, quoique...).
L'athée pense que la diversité infinie du monde ne lui permettra jamais de le connaître entièrement, ni de tout expliquer définitivement. Ici encore, beaucoup d'agnostiques tiennent un discours semblable, mais déjà un début de décantation se dessine.
Le fait d'admettre l'infinie diversité du monde implique évidemment qu'il y aura toujours pour nous des "choses" inconnues (heureusement !). Mais l'ambiguïté, ou l'imprécision, du langage mène insensiblement à l'assertion "il y a donc des choses inconnaissables".
La nuance peut être de taille !
Si pour nous, les "choses" non encore connues étant de ce monde et donc toujours susceptibles d'être découvertes (connues, potentiellement "découvrables"), puis éventuellement expliquées, nous ne pouvons gratuitement affirmer qu'il existe de l'inconnaissable, de l'inconnaissable "en soi", par nature, de l'inconnaissable éternel et asséner l'assertion "l'inconnaissable est" (remplacez "l'inconnaissable" par "Dieu" et on y est) sous prétexte que, puisqu'il y aura toujours de l'inconnu, il "y a" de l'inconnaissable, est un abus de langage.
Il est aussi absurde de qualifier l'inconnu, par exemple de la qualité "inconnaissable", que de prétendre qu'il est vert ou que le non-être est.
Certains agnostiques (5) pourtant fondent leur déisme sur cette approche (l'ultime "inconnu"), même si, comme l'athée et la grande majorité des agnostiques, ils affirment "ne pas croire" (l'athée ne "croit" pas plus au monde qu'à la matière).
C'est un peu comme si on disait que certains nombres définis par une suite infinie (comme le nombre "pi" par exemple) sont inconnaissables puisqu'on ne peut jamais calculer toutes leurs décimales (ou, plus simplement, pourriez-vous écrire un nombre qui vaudrait exactement 1/3 ? ceux qui ont commencé il y a 2397 ans sont encore occupés !).
À ce compte, il serait plus correct de dire qu'on ne "connaît vraiment" jamais rien…(ah ! "l'essence" des choses…), ce qui n'est, en définitive, qu'une autre évidence très banale.
Ceux qui se disent agnostiques et affirment qu'il existera toujours de l'inconnaissable dans l'inconnu ont une attitude contradictoire par rapport à leur propre doctrine : ils ne laissent plus la porte ouverte aux autres hypothèses.
Et puis, on l'a vu : comment peut-on affirmer quoi que ce soit à propos de l'inconnu (ce ne serait plus tout à fait de l'inconnu)?
Plus conformes à la doctrine, à la logique et au bon sens, certains nous disent : "Il est possible qu'il existe de l'inconnaissable." (on n'écarte aucune hypothèse).
Le fait de ne pouvoir nier une telle assertion (et l'athée s'en gardera bien) conforte ce type d'agnostique dans sa position.
Mais les athées indélébiles que nous sommes répondent avec le même bon sens : "Si quoi que ce soit existe, même qualifiée d'inconnaissable cette "chose" est de ce monde et a de ce fait une action sur lui, une influence que nous pourrons percevoir un jour (nous non plus, ne nions aucune hypothèse a priori) et la "chose" ne sera plus entièrement "inconnaissable". Si maintenant j'admets que l'on pourrait, du moins théoriquement mais à l'encontre du bon sens, concevoir un inconnaissable existant à jamais indécelable (qui n'aura jamais aucune interaction avec le reste du monde et aucune influence sur lui), alors cette chose est exactement comme si elle n'était pas, elle n'aura jamais rien à voir avec le monde, n'aura jamais aucune influence sur lui, ce serait un existant qui aurait toutes les caractéristiques de l'inexistant et supposer qu'elle puisse exister ou non ne change rien à rien."
Les seules « choses » que nous pourrions à la rigueur qualifier « d'inconnaissables », seraient des « choses » disparues à tout jamais et dont on pourrait affirmer qu'elles n'auraient laissé aucune trace, et dont nous n'en apercevrions jamais aucune.
Même si je ne puis réfuter (et justement pour cela je ne l'accepte pas) l'assertion « il y a un autre monde (ou des « choses ») inconnaissable », sa définition implique le rejet de toute « religion » se référant à ce « monde », ou relation avec celui-ci, puisqu'il n'y aurait justement aucun « lien », aucune interaction entre ce « monde » gratuitement supposé et celui qui est « connaissable », même en supposant une relation à sens unique, de nous vers ce « monde », sans aucun retour. On affirme par là même l'inopérance ridicule et définitive de toutes les gesticulations, incantations ou prières puériles de tous les croyants de toutes les religions.
De plus, appeler ce « monde » inconnaissable « dieu » ou le « royaume de dieu » en lui supposant toutes sortes de qualités « humaines » (beau, harmonieux, juste, bon…) relève alors de rêveries futiles et bizarrement anthropocentristes.
Je peux aussi bien supposer l'existence du vide absolu, ou du « rien » sans que cela change quoi que ce soit.
L'athée serait donc encore plus agnostique que l'agnostique.
Si jamais il vous arrive de discuter avec un tel agnostique, faites comme moi, allez prendre un pot avec elle (ou avec lui) et parlez d'autre chose, par exemple du fait que les dinosaures n'ont jamais pu percevoir l'explosion d'une bombe à hydrogène (et pourtant elle existe), et aussi que ceux-ci ont perçu des choses qui existaient et que nous ne percevrons plus jamais (le « futur » est-il connaissable ?…)

Mais le clivage entre l'athée et d'autres agnostiques prend une autre forme lorsqu'on nous annonce qu'il faut bien (ou qu'il n'est pas impossible qu'il existe) un horloger (ou un grand architecte), un esprit ou une force (supérieure) qui "organise" le monde pour qu'il soit tel qu'il est.
On remarquera que dans la plupart des genèses, le dieu est bien « l'ordonnateur » d'un chaos préexistant, « l'organisateur » du monde, ce qui lui permet de tirer des « choses » (créer) hors de la matière du chaos. Il ne serait pas le créateur absolu de tout ce qui est, de la « matière primordiale », ce qui finit par être contradictoire avec ses définitions ultérieures.
Ces dieux existent dans un monde déjà existant…
Pour d'autres encore, la "beauté" même du monde atteste de l'existence possible de ce "grand esprit", artiste infiniment incomparable, quel que soit le nom qu'on lui donne.
Si effectivement l'athée lui non plus ne peut écarter aucune hypothèse, même si elle paraît contraire à son savoir ou invraisemblable, encore faut-il qu'il s'agisse vraiment d'une hypothèse, c'est à dire d'une assertion vérifiable, contrôlable, (même seulement sur le plan théorique), discutable et surtout réfutable, conditions que « l'hypothèse dieu » (même au sens agnostique) ne paraît pas remplir.
En effet, l'assertion « Dieu est » n'est théoriquement pas réfutable, et en pratique non plus : il y a encore beaucoup de pays où il est défendu de dire des choses pareilles (réfuter l'existence de « Dieu »), parfois sous peine de mort, et là où on ne vous punit pas (trop) pour avoir nié cette assertion, vous passez pour « un être incomplet », ou comme incapable de toute notion de « transcendance », alors que c'est précisément une notion trop confuse ou erronée du concept « infini » qui fait éclore des dieux dans des esprits manquant justement de la capacité de « transcendance ».
Mais ce qui est aussi important ici, c'est de comprendre que le "sens" de l'organisation ou de la beauté par exemple, relèvent bien une fois de plus d'une tournure d'esprit ou d'un ensemble d'émotions beaucoup trop humaines que de qualités « divines ».
On retrouve bien l'anthropomorphisme des "êtres supérieurs" de toutes les religions primitives, christianisme y compris (beau, ordonné...)
Mais le monde est-il juste, bon… ???
Ces esprits élevés et soi disant agnostiques ne sont pas plus malins que le pauvre croyant qui dit : « Dieu existe parce ce que je conçois le monde comme créé par lui », un peu à la manière d'Hegel : « Le monde est rationnel parce que je le comprends avec ma raison… »

Et puis, ne pourrait-on répondre avec bien plus d'arguments, que bien au contraire le monde n'est qu'un chaos (certains diraient un foutoir ou "un merdier") pas du tout organisé, qui ne "sait" pas du tout "où il va", que se contente « d'être », qu'il y existe de tout et n'importe quoi, tout ce qui est "possible", pourvu que ça "sur-existe" pour un certain temps (6), même les trucs les plus impensables, mais qu'on peut toujours finir par découvrir à un moment donné.
Et n'y a-il rien de plus subjectif que la beauté ?
Si parler de "magnifique ordonnance" ou de "beauté" ne relève donc que de rêveries brumeuses ou d'une espérance orgueilleuse proche de la folie (croire que l'univers serait « humain »), n'est évidemment pas interdit, mais ne fera jamais progresser notre compréhension de cet univers.
Dans cette catégorie d'agnostiques (on ne peut être exhaustif, les variétés d'agnosticisme sont aussi nombreuses que les conceptions religieuses), la plupart aboutissent à une sorte de panthéisme inavoué : "l'esprit" serait dans la matière, "Dieu" dans le monde, le monde serait "Dieu".
On veut bien, mais pourquoi appeler ça "Dieu" ?
Le terme a une connotation historique beaucoup trop précise et bien souvent trop répugnante, à moins bien entendu de supposer que ce "Dieu-monde" soit influençable et que nos petits désirs égoïstes, nos incantations puériles ou nos rites ridicules pourraient parfois le faire changer « d'avis » et qu'il a les mêmes « émotions » que nous, attitude intellectuelle qui relèverait plutôt de la maladie mentale.
Si ce n'est pas le cas,  il ne s'occupe donc pas de vous, alors, ne vous occupez pas de "lui".
L'attitude religieuse révèle alors assez paradoxalement l'orgueil incommensurable des croyants : croire que l'univers « s'occupe » d'eux, qu'il comprend leurs ridicules besoins humains et aurait des qualités spécifiquement humaines, ou du moins que l'humain a lui-même idéalisées (bonté, justice, beauté …) et puis enfin le comble : croire que cet « univers » irait modifier des choses sur cette poussière infinitésimale pour accéder à ses désirs insignifiants ou pour satisfaire ses propres notions de bonté, de justice etc.

« Dieu » ne peut donc pas être considéré comme une hypothèse, l'assertion de son existence probable n'étant logiquement pas vérifiable et non réfutable, au même titre que l'affirmation sans fondement aucun de son existence.
Avec beaucoup d'efforts, on peut peut-être comprendre pourquoi il y a tant de croyants, mais pourquoi donc y a-t-il des agnostiques ?
Quand un croyant primitif (un chrétien par exemple) nous explique son dieu impensable, l'athée peut à bon droit dire « ( Ce) dieu n'existe pas », mais quand un « agnostique » vient à appeler l'univers « Dieu », nous n'avons plus qu'à lui répondre « Cela n'est pas Dieu ».
À tout discours croyant ou agnostique, l'athée n'a finalement pour réponse que celle dérivée de l'assertion parménidienne « Tout ce qui existe, est du monde, et le monde n'est pas le dieu des croyants. On ne croit pas au monde, il existe » (et on pourrait ajouter « sans cause » - sans motif, sans but autre que « d'être »).
Le comprendre, c'est autre chose, mais ce ne sont pas les dieux qui vont nous l'expliquer…
      
  Les athées rejettent l'hypothèse "dieu" en ce sens que ce ne peut être une hypothèse au sens strict du terme (ce qui est plus rationnel que de nier une existence invérifiable) et aussi parce que d'une part, lorsque le terme "dieu" désigne une "chose" trop précise, trop bien définie, l'hypothèse est inutile, absurde, contradictoire, déresponsabilise (déshumanise) l'homme et ce "Dieu" finit toujours par être une "chose du monde", ce qui en ôte son caractère divin, ou par disparaître dans le « rien ».
D'autre part, lorsque sa qualification devient trop vague, ni le terme ni l'hypothèse ne signifient plus rien, ou encore tout ce qu'on veut et donc aussi tout ce qui existe et le terme n'est plus adéquat.
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(1) Philosophe éléate (d'Élée) du VI-Ve siècle avant l'ère chrétienne, disciple de Xénophane de Colophon.
Son raisonnement - tout théorique - (il n'y a donc pas de vide - assimilé au non-être - et le monde est plein) le conduit paradoxalement à conclure à l'impossibilité du mouvement (son élève Zénon produisit bien d'autres paradoxes, dont les mécanismes ne furent étudiés en profondeur qu'au début du XXème siècle, avec Russell entre autres). Ceci amena Démocrite (d'Abdère) à en prendre le contre-pied (démarche poppérienne avant la lettre) en développant la théorie atomiste de Leucippe, première physique matérialiste (connue) excluant l'intervention des dieux dans une explication du monde (mais en réintroduisant le "vide" où ses "atomes" pouvaient se mouvoir).
De son œuvre détruite, il reste quelques vers ("De la nature") traitant de l'unité et de l'éternité de l'être.
(2) Il ne peut y avoir de discours sur le rien. Voir le livre posthume (L'athéisme) de Kojève (que l'auteur n'a jamais voulu publier. Coll. Tel chez Gallimard, 1998) et ne pas faire confiance aux critiques et autres commentateurs (comme l'auteur de la préface, Laurent Bibard) qui voudraient nous faire croire qu'il "chosifie le néant", c'est juste le contraire.
(3) Remplacez "monde" par "Dieu" (Allâh) et vous aurez le début de l'appel à la prière des musulmans, qui commence par une négation apparente : "Il n'y a (pas) de Dieu (autre) que Dieu".
(4) Dans le bassin méditerranéen oriental, la divinité (unique) se désignait par "El", "Yah" ou"Lah" (encore toujours "El" ou "Io" dans les manuscrits de la Mer Morte – de l'égyptien Iao ; voir aussi le mot "yahada", communauté, Yahouda : la Judée), à rapprocher de Yah-weh et de Al-lâh.
Voir aussi l'étymologie du mot "(h)allélouia(h)"...('Illel-w-yah).
Ici aussi, on peut remplacer "l'un" par "Dieu" pour retrouver une formule bien connue.
(5) Je ne veux pas être aussi sévère avec "les agnostiques" qu'ils le sont généralement avec les athées ("nier l'existence de dieu est aussi irrationnel que d'affirmer son existence") et les mettre "tous dans le même sac".
(6) Voir Diderot dans sa "Lettre sur les aveugles".

Johannès Robyn



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Ce que les religions ex-concordataires en France n'ont jamais réussi, l'islam, avec l'aide du gouvernement actuel, peut prétendre l'atteindre et le dépasser: un statut « démocratique » de communauté transnationale à l'intérieur de la République !


Reprenons dans l'ordre chronologique :

- M. Sarkozy a obtenu en force la constitution de la C.O.M.O.R. (Commission d'organisation de la consultation des musulmans de France). Loin d'être “objective” cette commission a déjà opéré une certaine sélection des organisations musulmanes. On est forcé de constater qu'en sont sortis la “Coordination des musulmans de France”, explicitement favorable à un islam “démocratique et respectueux des valeurs de la République”, et la seule femme primitivement désignée, madame Fekar-Lambiotte. Ça commence bien. En revanche une grande place est laissée à l'Union des organisations islamiques de France”, branche française des “Frères musulmans” ... mouvement interdit dans la plupart des Etats arabes et dont le seul soutien. financier puissant, est l'Arabie saoudite.

Le 21 décembre 2002 des nervis de I'UOIF attaquaient physiquement le président de la CMF, qui a porté plainte, ainsi que celui du “Tabliqh”, mouvement missionnaire musulman.


- On sait bien que le résultat et la valeur des élections dépendent beaucoup de ceux qui les organisent et comment.
À ce propos des questions se posent : les élections des 6 et 13avril d'où sortira le C.F.C.M. (“Conseil français du culte musulman”) s'effectueront au premier tour dans les 1500 mosquées du pays. Il faudra donc des bureaux de vote, un code électoral et surtout des listes d'identité par mosquée et à la limite une liste nationale religieuse pour éviter les doublons et les bourraqes d'urnes. Mais un tel “fichage” ne serait-il pas illégal ? La Commission Informatique et Liberté sera-t-elle consultée ? Un musulman en voyage pourra-t-il voter ailleurs que dans sa mosquée de rattachement ? Où voteront les musulmans dépourvus de mosquées, voire de lieux de culte ? Le vote sera-t-il personnel. Secret ? familial ? les femmes voteront-elles ?


- Les représentations des autres religions regroupées par Napoléon 1er auprès de l'Etat n'ont aucun caractère démocratique reconnu. Les juifs et les protestants s'arrangeant entre eux. C'est leur cuisine interne. Quant aux évêques catholiques qui n'ont jamais été élus par personne, quand ils rendent officiellement visite au ministre de tutelle, ils ne craignent pas de défiler derrière ... le nonce apostolique, c'est-à-dire l'ambassadeur et représentant d'un Etat étranger.


Avec cette consultation les cinq millions de fidèles musulmans en France, français ou non, bénéficieraient d'un statut nouveau et incomparable de démocratie reconnue ! Quand on pense qu'aucun pays arabo-musulman ne connaît la démocratie. on aurait ainsi une démonstration à front renversé: De même que la France a une “politique arabe” (assez brouillonne puisqu'elle consiste à désarmer l'Irak avant que les Etats-Unis ne l'attaquent …) de même elle aurait une politique musulmane oui consisterait à asseoir la démocratie sur la nouvelle et deuxième religion du pays. Et à l'heure où l'abstention électorale atteint des sommets ce serait donc une motivation religieuse qui raviverait notre vieille démocratie fatiguée. réglant de facto dans la foulée la question du “vote des étrangers”. On croit rêver. Et qui manipule qui ?


Claude Champon et Tribune des Athées 25/02/2003



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ET SI L'ON PARLAIT DU FAIT A-RELIGIEUX


Notre amie Nelly Moïa du Luxembourg (prix de l'Union des Athées 1995 pour “Géint d'Pafen”) est une pionnière dans la détection de l'introduction du “fait reliqieux” dans les écoles. Grâce à elle nous pouvons connaître par sondage l'opinion des principaux intéressés, les élèves de ce petit pays si européen, interrogés en 1967 et en 1997.
La première enquête de 1967 a été publiée en tribune libre dans le Taqeblatt du 16 juin 1990 (le sujet devenait intéressant peut-être après tant de temps ...).
La seconde de 1997 a paru dans le d'Letzburger Land de janvier 1999.

1967: Huit questions ont été posées à 131 élèves de première en 1967 (83 garçons et 48 filles).

Q1 : Quelles sont les matières au programme que vous considérez comme utiles et importantes pour votre éducation?
Sur 131 élèves l5 mentionnent la doctrine chrétienne (DC) généralement en dernière place chez les garçons, sinon en 6° - 10° place: chez les filles elle vient généralement en 3° place ou encore en 4° ou 5° Trois des élèves qui la nomment trouvent qu'elle prend trop de place.

Q2: Quelles matières voudriez-vous voir occuper une place plus large? Aucun élève ne mentionne la DG.

Q3: Quelles matières vous paraissent occuper une place trop large par rapport à leur importance ?
19 filles et 68 garçons mentionnent la DC. Ces mêmes élèves désirent augmenter les leçons en langues et en sciences. Dans la section latine la presque totalité des filles saute sur le latin ou les maths. il ne s'agit donc pas de paresse.

Q4: Croyez-vous nécessaire qu'un cours de morale soit lié à une confession religieuse précise?
25 oui, 103 non.

Q5: Fréquenteriez-vous un cours de morale non confessionnelle à la place du cours de DC? Oui ? Non?
91 oui, 6 non pour motif religieux (ex “le décalogue suffit”).

Q6: Votre avis sur la messe scolaire obligatoire? 14 d'accord, 110 contre l'obligation.

Q7: Qu'appréciez-vous dans le cours de DC ?
Rien (55). autres sujets : le prof qui se donne beaucoup de peine, “leur” façon de comprendre la vie

Q8 : Que reprochez-vous au cours de DC ?
“Tout”, “d'exister”, “son manque d'objectivité ”. “son fanatisme”, “un régime de dictature”, “superficialité, ennui, monotonie”.


1997 : On avait demandé à un nombre représentatif de lycéen/nes australien/nes d'ordonner dix-huit valeurs selon le degré d'importance qu'ils/elles leur attribuaient. Résultat publié dans le Freethinker anglais:

1 Avoir de bons amis
2 Une bonne éducation
3 Un emploi sûr
4 Développer mes talents
5 Une vie de famille heureuse
6 Préserver la Terre pour les générations futures
7 Protéger les animaux
8 Un chez soi agréable
9 Voyager
10 Gagner beaucoup d'argent
11 Lutter contre la pollution
12 Se marier
13 Aider les autres dans le besoin
14 Aider mon pays
15 Faire quelque chose de valable pour la société
16 Avoir de l'influence sur les autres
17 Suivre les principes de ma religion
18 Etre actif en politique

L'enquête fut appliquée au Luxembourg sur 274 élèves du secondaire classique de 13 classes de 4° à 1° éparpillées dans près d'une demi-douzaine d'établissements. Résultats :

1 Avoir de bons amis 70
2 Une vie de famille heureuse 70
3 Un agréable chez soi 35
4 Une bonne éducation 20
5 Un emploi sûr 17
6 Se marier 13
7 Préserver la Terre 11
8 Gagner beaucoup d'argent 9
9 Développer ses talents 9
10 Protéger les animaux 7
11 Voyager 6
12 Lutter contre la pollution 4
13 Aider autrui 3
14 Etre utile à la société 2
15 Aider son pays O
16 Avoir de l'influence O
17 Etre actif en politique O
18 Suivre les principes de sa religion O

Commentaire de Nelly Moïa: “Ce qui est proprement impressionnant, c'est la façon dont les votes sont massés en tête et en queue de file. C'est la ruée quand il s'agit de donner les premières places aux amis, à la famille, à un chez soi agréable; vers la fin politique et religion sont écartées avec une indifférence teintée d'impatience, de mépris, dirait-on.”

Autres exploitations du sondage :

Les valeurs les moins souvent en dernière place sont :
Amis 0
Famille 3
Education 3
Emploi 3
Chez soi 4

Les votes pour la religion sur les trois dernières places (218 élèves sur 274) sont:
En 18° place: 144 En 17° place : 55 En 16° place: 19


Le Grand-Duché du Luxembourg est un pays qui a peut-être inspiré Jack Lang (en voisin), Régis Debrav. Luc Ferry et Xavier Darcos. Mais on voit le résultat des milliers d'heures d'instruction religieuse (lR) dispensées à la jeunesse dans l'enseignement (public !).


P.c.c.        Claude Champon et Tribune des Athées 09/02/2003



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DIEU, DIRECT OU OMNIBUS ?


Les incohérences du clergé catholique concernant la nécessité de son existence même apparaissent dans un article “Se confesser directement à Dieu ?“ du père Alain Bandelier dans le numéro spécial consacré au “pardon” de “Famille chrétienne” de janvier 2003.
Elles n'auraient d'autre intérêt que de cuisine interne si le dilemme mis en évidence n'aidait à distinguer plus clairement les notions d'ÉGLISE et de RELIGION et par là même de cerner mieux I'ATHÉISME !

En effet un débat récurrent porte sur la question de savoir si les athées sont de “grossiers” anti-cléricaux maximalistes (on ne parle jamais de grossiers cléricaux) ou s'ils sont ailleurs.

On dira d'abord à juste titre que les athées n'ont pas attendu les églises chrétiennes pour exister. Plus cocasse : ce sont même les premiers chrétiens qui ont été traités d”'athées” par les honnêtes païens révoltés par leur prétention. Mais dans nos situations concrètes, hors les athées “de naissance”, on peut rencontrer ceux qui viennent du catholicisme et l'anti-cléricalisme a pu leur servir de passerelle, et ceux qui sont issus des protestantismes, généralement nordiques ou anglo-saxons, qui avaient déjà historiquement effectué la critique anti-cléricale des moines, des nonnes, des évêques et des papes.

En même temps le “dieu” des protestants, dans la mesure où il est débarrassé des attributs impérialistes romains, peut apparaître comme plus coriace que celui des catholiques: le protestantisme est un vieux fournisseur de “libres-penseurs” ou autres “agnostiques” qui ne se décident pas à franchir le pas de l'athéisme, qui les ronge.

- Premier argument du père Bandelier: “Dans les religions archaïques, il y a des spécialistes du sacré”, etc
Le mot “archaïques” n'intervient qu'à des fins dépréciatives. L'église catholique est très fière de son “ancienneté” ... Pseudo position jeuniste purement démagogique.

L'économie de l'article s'explique par le souci de lutter contre tout esprit de “libre examen” et au fond c'est toujours le vieux combat contre la bête noire: la réforme protestante et toutes les tentations, y compris chez les catholiques, basistes et évangélistes, eux aussi modernistes du retour aux sources !

- Après la dénonciation des “spécialistes du sacré” on peut s'attendre à ce que l'arrivée de l'Evangile constitue un tournant, ce qu'accomplit le bon père dès le début du deuxième paragraphe - et qui par la même occasion n'est pas très gentil pour les juifs : les prophètes, les grands prêtres, les lévites, les cohens et les rabbins relèvent-ils d'une “conception païenne de la religion”? “Il n'y a plus de place pour des intermédiaires, car il y a un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, un homme, le Christ” (Paul, 1ère Lettre à Timothée, 2. 5).
On a tout de suite compris que le bon père va rattraper d'une main ce qu'il avait lâché de l'autre : foin des intermédiaires, mais on pourra s'arranger pour se réclamer de la continuité de la médiation christique - les “prêtres” catholiques retrouvent leur pouvoir “incontournable” par la prétention à la vicariance (pape: vicaire du christ). On se disait bien aussi qu'un des leurs n'allait pas scier la branche sur laquelle ils sont assis.

- Le troisième argument consiste à contredire violemment ... le premier. Mais il faut le cacher. “Malgré les apparences, l'idée d'aller “directement” à Dieu n'a donc rien de chrétien. C'est une autre forme de paganisme”. Mais la dissimulation révèle aussi ce qu'elle devait cacher :
“Malgré les apparences”, il y a donc des apparences ... Ça saute aux yeux. “Une autre forme de paganisme”, symétrie rassurante et renvoi dos-à-dos, l'évangélisme constitue aussi un “autre” paganisme.

“C'est au fond la prétention d'être son propre prêtre”. Ça, les prêtres catholiques ne supportent pas, pas plus que les médecins l'automédication, les psychanalystes l'auto-analyse et n'importe quel expert qu'on prétende pouvoir se passer de ses services exclusifs et intéressés.
L'article de M. Bandelier montre les limites qui coincent les prêtres catholiques dans leur tentative de justification corporatiste. Ils oscillent toujours entre I'immédiateté et la médiation.
La première est plus séduisante et ils le savent. L'article se termine par les lignes suivantes:
“L'essentiel c'est la rencontre.... Me mettre simplement à genoux, et laisser le Christ me dire “Je te pardonne”. Là, il se passe quelque chose. Quelque chose de bouleversant !” Mais, cela, tout protestant pourrait le dire et il n'y a pas de prêtre à l'horizon.
Pourtant l'essentiel du propos est qu'on ne doit pas prétendre s'en passer…
Le centre de l'argumentation consiste à montrer que le chemin indirect est en fait le plus direct - comprenne qui pourra - et que le direct apparent “passe en fait par les méandres de notre subjectivité”. Il vaut mieux en effet qu'il passe par les méandres de la subjectivité du directeur de conscience ... Son ministère (service !) l'investit d'une autorité sacrée sur les hommes.

L'athée déclaré considère avec un égal mépris les églises et les religions. Pour autant il ne pratique pas le mélange des genres et ne les confond pas.
Il y a des églises sans religion, il y a bien des fonctionnaires de dieu qui n'y croient pas, et ce n'est pas d'aujourd'hui. Hier on parlait d'impostures; aujourd'hui on pourrait invoquer le phénomène bureaucratique et les nombreuses analyses qui y ont été consacrées au XXe siècle et qui débordent le religieux. On remarquera que des idéologies prétendues matérialistes sont compromises. Des ouvrages bien connus comme ceux de Milovan Djilas (1) ou de Voslensky (2) témoignent contre des cléricatures ... séculières. Le “socialisme réel “a pu engendrer des critiques internes comparables aux révélations qui dénoncent régulièrement le fonctionnement de l'église catholique (3).
Il y a des religions sans église. C'est rare ou tout simplement un mensonge. L'islam notamment (“qui n'a pas de pape” selon la forte parole de Jacques Chirac - mais le fantôme du calife ou l'imam caché hantent les âmes pieuses) fourmille de petits chefs religieux et de rivalités de clans et d'écoles théologiques ou juridiques. L'islam est profondément clérical, tout en prétendant le contraire. Ici aussi la prétention au “simple” et au “direct” dissimule mal le foisonnement des interprétations, des passages obligés, des ambitions et des egos.
Des religions innocentes, douces existent peut-être parfois. C'est la moindre des choses et les athées considèrent qu'elles ne font que leur devoir. On peut citer le bahaïsme - religion présentée comme sans clergé ni sacrements - ou la secte cao-daï au Vietnam (4); de telles religions paisibles sont d'ailleurs fortement persécutées, non par les athées, mais par les autres religions qui leur reprochent sans doute d'exercer une concurrence déloyale !

Les athées sont contre les religions. Ils ne croient pas au caractère obligé du soi-disant “fait religieux”. Ils constatent que les religions posent des questions futiles (5) et imposent des réponses de plus en plus inappropriées et dangereuses. Nous connaissons le fond de commerce des religieux: le problème du malheur et la liberté sexuelle des hominidés. Sur ces deux axes nous proposons, nous, un approfondissement individuel dans les consciences de plus en plus éclairées par la biologie et les neuro-sciences.

Les athées sont donc encore plus, si j'ose dire, anti-cléricaux, dans la mesure où leur rejet des impostures humaines, politiques, syndicales, néo-associatives, dépasse le cadre des prétentions étroitement religieuses, qui restent comme des cas particuliers du phénomène bureaucratique et les moteurs séculaires de toutes les manipulations.

1) Milovan Djilas La Nouvelle Classe, sorti à Vienne et Munich en 1957.
2) Michael Voslensky La nomenklatura Les privilégiés en URSS Pierre Belfond 1980, livre vigoureux et inspiré. Ce mot latin devenu soviétique signifie liste, index, réseau des ressources humaines, bref ... Al Qaïda en arabe. Le “religieux” n'avait-il pas toujours été de la partie ?
3) Last but no least: L'oeuvre de Drewermann; “Dans les couloirs du Vatican” G. Thomas et
M. Morgan-Witts Stock 1983 et “Le Vatican mis à nu” I Millenari (Mgr Marinelli ?) Robert
Laffont 1999; la littérature sur la pédophilie catholique ne cesse de croître à l'échelle mondiale.
4) Cf T.A. no 96 septembre 1998.
5) “Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?“ Réponses in T.A. n
o 104 et 105 2000.


Claude Champon et Tribune des Athées 22/01/2003



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MÉTHODE CRITIQUE, COMMENT ON ÉCRIT L'HISTOIRE
ou les mésaventures de Henri-lrénée Marrou


Les athées déclarés devraient, moins que les autres, tomber dans les panneaux quotidiennement tendus par les media : les intoxications, manipulations et rumeurs diverses. Vaste programme - . -

Henri-lrénée Marrou était un historien de renom, membre de la secte catholique romaine et fier de l'être, dont le livre “De la connaissance historique” (Seuil Points Histoire H 211975) fut utilisé par des générations d'étudiants en histoire ou en philosophie, sans parler de “l'honnête homme” de référence convoqué à sa lecture effectivement intéressante. Historien et croyant, il écrivit quelques pages assez plaisantes et finit par admettre certaines contradictions qu'il résolut -avec le minimum de malhonnêteté possible ... (pages 99 à 103; 128 à 131). Les athées peuvent profiter de son effort intellectuel d'analyse.

Marrou commence par énumérer les précautions à prendre dans la recherche historique fondée sur des “documents”, à partir de la tradition de Droysen, Langlois et Seignobos, Bernheim et Harsin :

CRITIQUE EXTERNE.
Critique d'authenticité ; critique de restitution (reconstituer un original disparu). Critique de provenance.

CRITIQUE INTERNE.
Critique d'interprétation.
Critique de crédibilité.

Mais il regimbe contre l'orientation “positiviste” de la défiance, du soupçon et de la violence faite aux “documents”. Le bonhomme a des raisons de relativiser celle méthode qui le ramène d'ailleurs à ses obsessions favorites...:

“En fait ce programme a été surtout prôné par les spécialistes de l'histoire politique ou ecclésiastique du Moyen Age occidental, domaine dont la documentation est encombrée de chroniques de seconde main, de diplômes et de chartes falsifiés, de vies de saints outrageusement antidatées.”
On ne lui fait pas dire.
Mais H-I Marrou est pressé de dépasser la critique “négative” à laquelle il lui “paraît utile de substituer la notion positive de compréhension du document”. C'est le concept “Carrefour” (il faut positiver, coco) hors duquel point de salut.

“Prenons comme exemple l'interprétation des Evangiles canoniques. Que de temps perdu par la “critique” à rechercher la crédibilité du témoignage qu'ils portent sur les événements de la vie de Jésus!”

On notera avec intérêt la nature de “l'exemple”, certainement pas péché au hasard, les guillemets agacés qui affublent le mot “critique” et “les événements de la vie de Jésus” qui supposent donc l'existence historique du personnage, alors que c'est toute la question.

“un Evangile : ce n'est pas un recueil de procès-verbaux, de constats d'événements, plus ou moins exacts ou tendancieux, plus ou moins fidèlement transmis; l'auteur ne se proposait pas de fournir un jour une documentation à l'histoire historisante, mais bien autre chose : il voulait, dans la perspective existentielle de la catéchèse ecclésiastique, transmettre à ses lecteurs la connaissance du Christ nécessaire au salut ; pour élaborer celle image de Jésus, il a pu être amené à toute une manipulation de ses sources qui nous déconcerte peut-être (par son indifférence, par exemple, à la chronologie), mais qu'il serait naïf de qualifier de falsification ou de mensonge.
Les non-dupes errent, on connaissait la chanson; mais si à ce compte les “critiques” sont des “naïfs”, alors ceux qui se gaussent d'eux sont des cyniques, il n'y a pas de milieu.
“Il serait plus naïf encore d'imaginer qu'on puisse décomposer ce témoignage et, séparant le bon grain de l'ivraie, isoler un pur noyau de “faits” authentiques : les Evangiles ne sont pas un témoignage direct sur la vie du Christ, ils sont un document primaire, et d'une valeur incomparable, sur la communauté chrétienne primitive : nous n'atteignons Jésus qu'à travers l'image que ses disciples se sont faite de lui - ce qui ne veut pas dire que celle image soit trompeuse, encore qu'elle ne soit pas celle que l'historien événementiel aimerait qu'elle eût été”. Ouf ! bel effort !

Parachute ultime et prime à la préméditation: le bon père Marrou nous explique ensuite qu'un document “faux” peut se révéler “positif” sous un autre rapport, car sussure-t-il exquisément :
“il est rare qu'un faux ait été un acte “gratuit””. Voilà qui est bien rassurant en effet !


“(la connaissance historique) repose en définitive sur un acte de foi : nous connaissons du passé ce que nous croyons vrai de ce que nous avons compris de ce que les documents en ont conservé.”
Voilà qui est “révisionniste” en diable

“Constater que la connaissance historique est issue d'un acte de foi (car “faire confiance” et “avoir la foi”, c'est tout un, comme le montrent bien le grec et le latin, pisteuô, credo) n'est pas pour autant nier sa vérité, nier qu'elle puisse être susceptible de vérité.”
Evidemment, ça l'arrange bien, mais nous, on n'a pas confiance.



Et le bouquet

“... à la différence d'autres religions qui ne mettent en cause que des vérités éternelles ou des symboles mythiques (toujours la concurrence déloyale CC), le christianisme repose sur des vérités de caractère historique G.. l'Incarnation, la Passion, la Résurrection, ...) est chrétien celui qui croit en Celui à qui saint Pierre a cru.”
Et est oursin celui qui croit En l'ours qu'a vu l'homme.

S'ensuit un procès en négationnisme à l'encontre de ceux qui de bonne foi ou pour s'amuser auraient mis en doute l'existence de Napoléon (Whately et Pérès), de Max Müller ou de Descartes, tout cela pour prouver l'inanité des démonstrations de l'inexistence de toute la sainte famille. Le vrai du réel sert finalement à faire passer les hallucinations.


Aux contorsions en “compréhension” de H-I Marrou il est permis de préférer le sérieux critique dé Gabriel Bonnot, .. abbé de Mably (c'était le frère de Condillac avec qui il instruisait le futur prince de Parme) dans ses traités: “De l'étude de l'histoire” et “De la manière d'écrire l'histoire” (Corpus des oeuvres de philosophie en langue française Fayard 1988). Comme quoi un athée du 21 ème siècle peut se sentir plus proche d'un prêtre de l'ancien royaume de France que d'un sorbonnard de la république soi-disant laïque.


Claude Champon et Tribune des Athées 22/01/2003



 
FORFAITS, DÉGRESSIVITÉ ET DÉLOCALISATION DIVINES


Vous pouvez donner aux “O.P.M.”; le sigle de celle ONG se lit “Oeuvres Pontificales Missionnaires” qui “s'efforcent de soutenir” les formations religieuses “dans les diocèses du monde les plus démunis”, le “s” de démunis ne s'imposait pas, puisqu'il s'agit bien du monde le plus démuni (le “tiers-monde”), à moins que l'église catholique ne pense d'abord à elle-même (charité bien ordonnée ...).

Si vous donnez 15 euro, ça paye un jour de formation ; 70 euro assurent une semaine de formation (et vous avez donc gagné au forfait 35 euro !); 250 euro couvrent un mois (au lieu de 450 euro) et un an de formation ne vous demanderait que 2285 euro (au lieu de 5375 !!). Plus vous êtes généreux et plus vous gagnez, sans parler des indulgences (mais c'est sur un autre compte).
Source: Une publicité dans “Famille chrétienne” janvier 2003, agrémentée d'une bonne bouille d'un “tout-noir” tout-sourire au-dessus de son col romain.

Mais je lisais dans “le guide du donateur” édité par le diocèse de Paris en 2000 que vous pouviez couvrir une année de formation d'un séminariste (il en faut sept, selon une vieille superstition qui nous a donné la semaine, le septième ciel ... et qui provient de l'ancienne Mésopotamie) pour environ 85 000 F, soit 12 958,17 euro. Le blanc coûte nettement plus cher (plus de 5,5 sans compter l'inflation) et là le noir rit jaune, les O.P.M. cassent les prix, dis-donc. Mais l'église catholique fonctionne comme les autres multinationales et préfère produire là où les coûts notamment salariaux sont moins élevés.


Claude Champon et Tribune des Athées



 
PHILATÉLIE SACRÉE


Alan Silver, un immigré sud-africain en Israël, étudiait la série de timbres émis par l'État hébreu sur le thème des mois de l'année. “A l'aide d'une loupe, (il) a constaté que le timbre du mois d'Eloul comportait plusieurs occurrences du nom de Dieu, ce que la loi juive n'autorise qu'à des fins sacrées” (Jérusalem Post).
Il l'a montré à son rabbin, “qui a stipulé que la loi juive interdit formellement d'utiliser le timbre d'Eloul. Il n'est pas permis de l'acheter, a-t-il dit, et si vous en possédez, vous ne devez pas les jeter à la poubelle, mais les mettre dans la collection des textes sacrés qui servent aux enterrements”.


Ce n'était pas le premier timbre à être contesté. Celui qu'on avait créé en hommage au rabbi de Loubavitch, Menahem Mendel Schneerson, s'est heurté à l'opposition de certains de ses disciples qui ont prétendu qu'il n'était “pas mort”.
Et d'autres personnes “ont déclaré qu'il était inconvenant qu'un timbre représentant leur rabbin soit léché dans le dos et oblitéré devant'.
Ce timbre n'a pas été émis.



Source: “Réveillez-vous !” du 8 janvier 2003. Il s'agit de l'organe des “Témoins de Jéhovah” pas en retard quand il s'agit de débiner une autre religion concurrente. Quels déconneurs ces Témoins!


Claude Champon et Tribune des Athées



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CATHOLICISME ET NAZISME


On ne rencontre jamais deux mots en "isme” sans un troisième: le “tertium gaudens”, le troisième qui rit, ici l'athéisme.

Un prince de l'Eglise catholique, Jean-Maris Aron Lustiger sans doute mû par le désir de la “blanchir”, avait refait l'histoire en prétendant que le nazisme était athée : de là à insinuer que les athées déclarés sont nazis ou favorables à certaines thèses ... Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.

Des faits nouveaux viennent d'apparaître dans cette histoire : non pas qu'elle repasse les plats, mais que, comme en justice, des révélations se font jour. Notamment dans la biographie intitulée “Heidegger et son temps” par Rüdiger Safranski (1994 Grasset 1996)

Les heures et heurts et malheurs de Heidegger avec le nazisme permettent au moins d'affirmer par ricochet que le régime du IIIème Reich ne s'est jamais voulu “athée”, y compris et surtout dans des conflits et des recherches d'équilibres internes.

Deux rappels historiques:

- De par sa famille et sa région d'origine, actives contre le “Kulturkampf” de Bismarck, Martin Heidegger (exact contemporain de Hitler: il est né comme lui en 1889 et comme lui germain méridional) était catholique: il était destiné à la prêtrise, à la théologie; il essaya même un stage pour être accepté dans la Compagnie de Jésus, d'où les bons pères l'éjectèrent au bout de deux semaines pour raisons médicales (?).

- Hitler devient chancelier du Reich allemand le 30 janvier 1933. Le Concordat avec l'Eglise catholique est signé le 20 juillet de la même année 1933 par Pie XI, dont le Premier ministre (secrétaire d'Etat) n'est autre que Pacelli, futur Pie XlI, “le vicaire”.
Nous avons tous été bercés dans la réputation de la tradition de «prudence” de l'action diplomatique du Saint-Siège. Force est de reconnaître dans ce cas là que l'Eglise n'a pas moisi et qu'elle avait apparemment un besoin urgent de clarifier les règles du jeu avec la nouvelle direction allemande. Et réciproquement!

Les choses prendront beaucoup plus de temps pour que le même Pie Xl ponde l'encyclique “Mit brennender Sorge” (mars 1937) où il explique aux nazis qu'ils font des choses pas bien du tout" ... Rien à voir avec la condamnation du communisme, lui, "intrinsèquement pervers”.

La biographie de Heidegger, touchant à la période du rectorat de Fribourg et de son trop fameux discours, montre un certain nombre de choses qui ne tombaient pas sous le sens jusque là dans l'historiographie philosophique. D'abord il faut rappeler que Heidegger démissionnera de ce poste et qu'il avait été dès le début attaqué par des notables nazis comme suspect, peu sûr, voire fou et schizophrène à qui il serait imprudent de confier des étudiants (rapport psychiatrique de Jaensch de septembre 1933).

Ce rapport “psychiatrique” contient la phrase suivante sur les orientations idéologiques de Heidegger : le sens de cette philosophie est un athéisme déclaré et un nihilisme métaphysique dont les représentants les plus distingués sont chez nous des écrivains juifs ; elle renferme donc un ferment de décomposition et de dissolution au peuple allemand.

(Dédié à Mgr Lustiger pour lui rappeler que beaucoup d'excellents athées sont d'origine juive).

Rien ne manque: l'athée est identifié par te bon docteur Jaensch, psychiatre, au fou ("L'insensé en son cœur a dit il n'y a point de dieu”) et au nihilisme "juif".
Ce qui ne devait pas intéresser les nazis et apparemment pourtant ne les laissa pas indifférents, c'est que Heidegger avait rompu philosophiquement en 1927 avec le christianisme: “La philosophie chrétienne est un fer de bois” (nous dirions un carré rond ou quelque chose comme ça d'impossible et d" contradictoire dans les termes).

Pendant la période même du rectorat, Heidegger, plein d" zèle, désapprouve en 1934 la reconstitution autorisée par les nazis de l'association d'étudiants catholiques “Ripuaria” dans les termes suivants: “Cette victoire officielle du catholicisme, ici même, ne doit pas être durable, elle porte atteinte à tout notre travail, et on ne saurait en concevoir un plus grand que celui que nous accomplissons en ce moment.... On ne connaît toujours pas la tactique catholique. Et un jour, cela nous coûtera cher.” Il démissionnait quelques jours plus tard du rectorat de Fribourg.


Les démêlés d'un intellectuel se lançant dans l'action avec le désir d'infléchir le pouvoir, comme ceux de Platon avec le tyran Denys de Syracuse, feront longtemps jaser. Ils ont au moins l'intérêt de miner la fable du nazisme “athée” entretenue par certains bons apôtres.


Claude Champon et Tribune des Athées 02/09/2002

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